Rose éternelle aux couleurs d’été,
Rose blanche pour la fidélité,
Rose rouge pour l’amour passionné,
Mais pour mon amour et mon aimé
Une rose couleur de gaité
Pour un amour fidèle et passionné,
Une rose rose parfumée,
Du parfum de mon aimé.
Une perle rare aux mille attraits,
Doux sentiment encré à jamais,
Au fin fond de mon âme,
Que jamais je neblâme.
Il prend possession de mon être en émoi,
S’imprègne dans chaque partie de mon corps,
Comme une douce sensation de joie,
Envahit chaque recoin de son or.
Dans mon regard brûle une flamme,
Une étincelle devenue feu,
Brillant comme un phénix majestueux,
Illuminant toute mon âme.
Venant à bout de tous mes tourments,
Combattant avec ardeur toute tristesse,
Comme un chevalier de bonheur vaillant,
Pourfendant les mécréants de mes faiblesses.
De moi-même je ne suis plus maîtresse,
Car il a rejoint mon cœur en détresse,
Vilement l’a volé, s’en ai saisi,
Le gardera à jamais pour lui.
Il occupe toutes mes pensées,
Me fait rougir, bafouiller,
M’étourdit, me fait suffoquer,
Par lui j’étouffe, mais…
Quel est ce sentiment d’euphorie,
Qui s’empare de moi sans un bruit,
Me fait sourire, me fait chanter,
Me donne envie de m’envoler ?
Il me pousse de grandes ailes,
De grandes ailes blanches,
De grandes ailes d’ange,
Et je jaillis vers le ciel,
Tournoyant et dansant,
Dans le ballet de l’amour,
Avec à mon bras mon amant,
C'était le plus beau jour
De toute une vie à attendre,
Le prince charmant si tendre,
Imaginant, pensant, rêvant,
Attendant patiemment l’amant.
Et quand il fut arrivé,
Comme une lueur dans la nuit,
Ma nuit si sombre et désolée
Ce fut comme une seconde vie,
Si douce si belle,
Sans dispute ni querelle,
Lumineuse comme le jour,
Douce comme la nuit.
Ta présence me comble,
Je me sens si à l’aise,
Ton absence me pèse,
Et je me sens si seule,
Je ne peux vivre sans toi,
Ce serait pour moi,
Comme ne pas exister,
Dormir en restant éveillée,
Mourir en restant vivante,
Dépérir en le cachant,
Te renier serait me planter,
Une lame froide et aiguisée,
À l’endroit de mon cœur,
Là où pousse la rose,
La rose rose parfumée,
De ton parfum, mon aimé
Ce serait faire faner,
La rose de nos étés,
Détruire le jardin d’Adam,
Où fleurissait notre existence.
Là ou s’épanouissait notre amour,
Au fin fond de mon cœur,
Le jardin aux mille fleurs,
Magnifiques comme le jour.
Nier notre amour serait m’achever,
Me faire tomber, me bouleverser,
Mettre fin à ma misérable existence,
Et me condamner à l’errance.
Mais maintenant tout est fini,
Je suis sur le sol, évanouie,
Avec une balle de fusil
Logée dans ma poitrine,
À l’endroit de notre jardin,
Plantée dans la fleur,
Plantée dans mon cœur,
Plantée dans ma vie.
Je suis étendue sur la terre
Moi presque sans vie,
Toi en pleurs à mes côtés,
Demandant que je sois sauvée.
Tout en sachant que personne,
Même le Père en personne,
Ne peux rien faire pour moi,
Personne, aussi amoureux soit-il,
Personne, aussi passionné soit-il,
Personne aussi désespéré soit-il,
Personne aussi aimé soit-il,
Personne ne peut modifier le destin,
Personne ne peut changer le sort,
Personne ne peut affronter la mort.
Sombre traitresse,
Douce diablesse,
Si invitante,
Si reposante,
Aussi belle que cruelle,
Pour séparer volontiers,
L’amant de l’aimée,
Le prince de sa belle.
Tu pries toujours à mes côtés,
Je regroupe mes dernières forces pour parler,
J’entrouvre la bouche, tu te tais,
Et je commence à raconter.
« Lorsque je partirai dans cet autre monde
Que nous appelons l’au-delà,
Une partie de moi restera,
Toujours et encore avec toi,
Ce fragment de mon être revivra,
Dans un saule, une roche, je ne sais pas,
Mais sûrement dans une rose,
Une rose de ton parfum imprégnée,
Une rose délicate et belle,
Aux pétales doux comme la soie,
Une fleur qui émerveille
Le crépuscule en émoi
Devant la beauté de la fleur d’aurore,
Beauté à la grandeur de notre amour,
Belle comme ton désespoir,
Belle comme mon espoir.
Et je serai cette plante,
À la senteur envoutante,
Aux couleurs d’été,
Rayonnante de majesté,
Comme celle que tu m’as donnée,
Preuve de ta fidélité,
En ce magnifique jour d’été,
Dans cette clairière illuminée.
La même que celle où je suis allongée,
Affalée sur le sol où j’ai tant pleuré,
Pleuré de joie, pleuré de bonheur,
Lorsqu’un soir tu m’as ouvert ton cœur.
Je pousserai dans un jardin,
Que tu auras construit de tes mains,
Qui remplacera petit à petit,
Celui de mon cœur meurtri.
Celui qui a été détruit,
Par cette balle de fusil,
Faisant éclater la perle,
En des milliers d’éclats de verre,
La perle au centre de la rose fragile,
La perle rare de ma passion,
Et faisant du même coup fondre,
Mon havre de paix, ma vie.
Et dans ce corps je serrai
Près de toi à jamais,
Tu prendras soin de moi,
Tu me caresseras de tes doigts,
Je fleurirai, m’épanouirai,
Dans ce nouvel habitat
Que tu construiras pour moi,
Que, comme un joyau, tu chériras,
Et dans mon cœur, en même temps que dans ta cour,
Mon jardin secret, peu à peu, renaitra de ses cendres,
La rose sortira de terre fraîche, nouvelle, couleur d’ambre,
Car régnera en maître la fidélité de notre amour.
Puis la perle de cristal se reformera,
La passion renaitra,
Mon cœur saignera
Et le sang perlera
Sur la rose immaculée,
La rose blanche deviendra rose,
Rose comme la fleur,
Jadis dans mon cœur. »
Je devrais me sentir fatiguée,
Mais non je me sens reposée,
Reposée d’avoir exprimé,
Ce que je pensais depuis tant d’années.
Mes forces me quittent,
Ma voix faiblit,
Mon corps tremble,
La mort m’appelle.
Les feuilles mortes seront mon lit,
Mon cercueil, le couvert des arbres,
Dans cette clairière qui jadis,
Était symbole de fiançailles.
« Et peut-être même qu’un jour,
La fleur se transformera en femme,
Mon esprit quittera les autres âmes,
Réincarnera mon corps,
Et peut-être pourrions-nous nous aimer,
Simplement, sans enjeux ni difficulté,
Nous aimer à jamais et pour l’éternité…
Si seulement nous le pouvions… »
Ma tête retomba sur le sol gelé,
Mon dernier souffle fut poussé,
Mes derniers mots étant prononcés,
Je puis, pour toujours, m’en aller.